Sur la route du Rhum, choisir la bonne stratégie météo, c’est souvent réussir à s’imposer

Publié le : 22 novembre 20226 mins de lecture

Comme pour toute course à la voile, la météo occupe une place prépondérante. Elle dicte les préparatifs ainsi que l’organisation de départ de la course. Dès le début, elle impose un rythme, des contraintes ou des opportunités et il appartient aux skippers de savoir composer avec ce dont ils disposent. Petit retour sur cette météo capricieuse dès le départ de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2022 et focus sur les conditions rencontrées par les concurrents tout au long de cette course à travers l’Atlantique.

La météo en mer impose une lecture plurielle

Peu importe où l’on se trouve dans le monde, la météo à terre peut se résumer grâce à quelques informations habilement compilées :

  • la direction et force du vent ;
  • le gradient de pression et températures ;
  • le risque de précipitations ou les conditions d’ensoleillement ;

Ainsi, le résultat peut parfois annoncer une belle journée ou un mauvais temps, mais à terre rares sont les météos apocalyptiques (excepté certains pays ou territoires précis du globe soumis à des régimes peu communs). En mer, que l’on soit en France ou ailleurs, la météo rajoute toujours une dimension d’impuissance. Et lorsque les conditions s’emballent et à moins d’être proche d’un port pour se réfugier, il faut alors les subir. Un vent soutenu peut maltraiter les équipages et les bateaux, mais plus que le vent, c’est l’état de la mer qui annonce aux skippers ce que seront les conditions de course. Le lien entre vent et état de la mer régit le monde de la course au large et la Route du Rhum n’y fait pas exception.

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Un départ repoussé pour cause de météo défavorable

Initialement prévu le dimanche 6 novembre 2022, le départ de la Route du Rhum a été repoussé à la suite d’une décision du comité de course. En cause, les nouvelles conditions météo reçues quelques heures avant le départ et qui annoncent un début pour le moins chaotique pour l’ensemble des concurrents. Face à cette décision reconnue courageuse par l’ensemble des skippers toutes catégories confondues (Ultim, Imoca, class 40, etc.), une opinion publique plus sceptique face aux conditions réelles du dimanche 6 novembre a laissé transpirer une impression d’incompréhension. Il faut dire qu’avec un vent sud-ouest de 23 nœuds au maximum et une mer calme assortie d’un grand soleil sur Saint-Malo, cette incompréhension peut se justifier.

Mais rappelons que lors de cette course, les bateaux et skippers dévalent la Manche pour se jeter en plein océan Atlantique en moins de 24 heures pour certains. Or, c’est bien en Atlantique, dans le célèbre et redouté golfe de Gascogne, que les bateaux et les skippers auraient dû faire face à des conditions particulièrement difficiles, et non en Bretagne en définitive. De telles conditions en plein golfe de Gascogne sont alors propices à la casse ou, pire, à l’incident humain.

C’est donc pour protéger la santé des skippers, l’état des bateaux ainsi que le noble esprit de la course au large que le directeur de course (Francis Le Goff), en accord avec le comité et les concurrents, a pris cette décision inédite.

Une météo et un parcours pas toujours simples à concilier

En mer, il n’y a pas de secret : la route la plus courte (orthodromie) est rarement la plus rapide selon la météo. Alors, pour s’imposer ou imposer un rythme aux autres concurrents, chaque skipper doit faire ses propres choix en fonction des informations qu’il possède.

Le parcours reste libre, bien que contraint par les systèmes de vent.

Outre la bouée du Cap Fréhel ainsi que celle à l’ouest de Basse-Terre en arrivant sur la Guadeloupe, la trajectoire empruntée par les skippers pour la route du Rhum leur appartient.

Généralement, en quittant la France, le parcours consiste à sortir de la Manche pour piquer sud / sud-ouest en direction du golfe de Gascogne, première étape souvent difficile, mais permettant d’éviter des zones sans vent plus à l’ouest des Açores. La bonne gestion de la fatigue et du matériel compte ici plus qu’ailleurs pour éviter un retour à la suite d’une avarie.

Une fois descendus suffisamment au sud et arrivés dans la zone de convergence subtropicale, les skippers rencontrent alors un changement de régime de vent qui s’oriente résolument vers l’Ouest et que l’on nomme les Alizés. À partir de là, c’est alors tout schuss jusqu’aux territoires français d’outre-mer.

C’est donc la bonne gestion des réglages de voile et du bateau qui fait toute la différence.

Des vitesses surprenantes pour un sport de glisse

Pour le départ de la Route du Rhum, une nouvelle génération de bateaux de course récemment mise au point prend place dans la course. Grâce aux systèmes de « foils », ces bateaux ont pu revendiquer des performances étonnantes.

Ainsi les bateaux Imoca atteignent des vitesses proches de 40 nœuds (environ 70 km/h) alors que les Ultim (multicoques) dotés de foils « volent » à près de 90 km/h. Rappelons ici que le premier record de traversée (en 1978) était de 23 jours et 6 heures, en 2018 il chute, à 7 jours et 14 heures. Un nouveau record est-il en passe d’être enregistré pour cette édition 2022 ?

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